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Libération

Malaise au Brésil après l'acquittement de l'ancien président Fernando Collor

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publié le 14 décembre 1994 à 23h12

«Frustration». C'est sous ce titre aussi laconique qu'explicite que

la «Folha de São Paulo» traduisait hier dans son principal éditorial le malaise provoqué dans l'opinion publique brésilienne par le verdict rendu la veille par la Cour suprême de Brasilia.

Destitué pour forfaiture il y a deux ans par le Congrès, le président déchu a en effet été acquitté, pour «manque de preuves» et par cinq voix contre trois, du délit de «corruption passive» que lui imputait l'acte d'accusation.

Le quotidien brésilien estime toutefois qu'il «serait injuste de rejeter l'indignation de millions de Brésiliens sur l'organe responsable du verdict, lequel s'est montré digne d'un véritable État de droit». Cette précision résume les craintes exprimées par nombre de juristes éminents à la veille de l'ouverture du procès. Les charges retenues par l'accusation n'ont pas résisté à l'analyse froidement juridique de la majorité des magistrats. Les trois cas nébuleux de trafic d'influence dans lesquels le procureur général avait tenté d'impliquer l'ancien président se sont révélés d'une étonnante fragilité par rapport au réseau de racket institutionnalisé dirigé, comme l'a précédemment démontré une commission d'enquête parlementaire, par Paulo Cesar Farias, le trésorier occulte de Collor.

Grisés par la sentence, les avocats de la défense et les quelques parlementaires restés fidèles à l'ancien président visent désormais une loi d'amnistie qui annulerait l'inéligibilité pour huit ans prononcée en décembre 1992