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Mandela fait son bilan en noir et blanc

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Réunis à Bloemfontein, quelque 3.000 délégués du Congrès national africain ont écouté le chef de l'Etat, et figure emblématique du mouvement, justifier sa politique de réconciliation nationale et ses compromis avec la minorité blanche après sept mois de pouvoir.
publié le 19 décembre 1994 à 23h32

- Devant quelque 3.000 délégués du Congrès national africain (ANC), réunis à Bloemfontein pour leur 49e conférence, le président sud-africain (et ancien dirigeant de l'ANC) Nelson Mandela a délivré, samedi, en ouverture, un discours en forme de bilan mitigé de ses sept premiers mois de pouvoir. Relayant les inquiétudes de sa base, il a implicitement reconnu que sa politique de réconciliation nationale avait peut-être pris trop le devant sur la tâche de reconstruction du pays. En mettant lui-même d'emblée le doigt sur la plaie, Nelson Mandela espère éviter un déferlement de critiques qui mettrait à mal l'unité de son mouvement, exsangue après quatre ans de négociations avec le régime de l'apartheid, qu'il a remplacé après une campagne électorale agitée.

A 350 km au sud-est de Johannesburg, Bloemfontein, capitale de la province d'Orange, ne pouvait se prêter mieux à l'occasion. C'est là, au coeur du pays afrikaner, que le mouvement noir a vu le jour, en 1912. Quatre-vingt-deux ans plus tard, l'ANC a senti la nécessité de revenir dans son berceau pour sa première conférence triennale depuis son arrivée au pouvoir: moins pour un retour aux sources que pour trouver une nouvelle définition de ce que doit être un parti au pouvoir. Il fallait d'abord évaluer le chemin parcouru. Sur la route des négociations avec l'ancien régime, ouverte en 1990 après sa libération, Nelson Mandela estime que l'ANC a été irréprochable. «Certes, nous avons fait des compromis», a-t-il déclaré. Le plus