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Analyse

Mission impossible pour médiateur bénévole

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publié le 19 décembre 1994 à 23h32

Jimmy Carter n’aime rien davantage que de jouer les grands indispensables, et la nouvelle mission qu’il s’est d’abord confiée à lui-même d’aller rétablir la paix dans l’ex-Yougoslavie pourrait être, de ce point de vue, le couronnement d’une carrière. Une fois de plus, l’ancien Président s’est imposé comme médiateur dans un conflit où on ne lui avait rien demandé. Une fois de plus, il commence sa mission dans le scepticisme général de toutes les parties au conflit ­ sauf la plus antipathique, en l’espèce les Serbes de Bosnie. Et une fois de plus, l’administration américaine, qui ne peut s’opposer à ses desseins, prend soin de rappeller qu’il n’est qu’un «simple citoyen» ­ tout en se préparant, sait-on jamais, à engranger les bénéfices politiques hypothétiques que pourrait produire un succès improbable.

Carter s'est embarqué samedi dans le périple yougoslave qui le mènera en quatre jours de la Croatie à la Serbie (il l'espère du moins, pour y rencontrer Milosevic) en passant par la Bosnie, qu'il faillit oublier. Car c'est avant tout avec les Serbes de Bosnie et leur président Karadzic que Carter avait discuté pendant toute la semaine dernière, et c'est eux d'abord, dans un premier temps, qu'il voulait aller voir. L'administration lui rappela que la Bosnie avait toujours un gouvernement légitime qui avait son mot à dire: le voyage en sera du coup plus équilibré. L'administration américaine sait que Carter est incontrôlable et les diplomates de carrière du Département d'Etat s'