pierre briançon
Morts sur ordonnance sur la côte Ouest Le 8 novembre, les électeurs de l'Oregon adoptaient pour la première fois aux États-Unis une loi autorisant l'euthanasie «active». Après plusieurs recours, l'application du texte a été suspendue, en attendant un examen sur le fond. Mais un tabou est levé.
Portland (Oregon), envoyé spécial - C'EST UN DE CES ÉTATS PIONNIERS de l'Ouest où le peuple a jalousement conservé le droit de faire ses lois lui-même. Et les électeurs de l'Oregon, le 8 novembre, ont inscrit dans leurs codes la loi la plus controversée qui ait été votée à la suite d'une initiative populaire: celle qui «permet aux patients condamnés d'obtenir une prescription pour des médicaments mortels» selon l'intitulé officiel de la «mesure 16» soumise aux électeurs. La loi, en un mot, qui autorise, pour la première fois sur le territoire des États-Unis, l'euthanasie dite «active» par opposition à l'euthanasie «passive», où la famille, le médecin et le patient renoncent simplement à l'acharnement thérapeutique et interrompent des modes de traitement sophistiqués, douloureux ou coûteux quand tout espoir a été perdu. Selon les termes du texte voté, un patient dont l'espérance de vie ne serait pas supérieure à six mois pourra désormais demander à son médecin, après une discussion avec celui-ci, une prescription pour des produits qui lui permettraient de mettre fin à sa vie. Le médecin ne pourra administrer lui-même les médicaments mais reste un participant crucial