L'ACCORD DE PRINCIPE du gouvernement allemand de prêter main-forte
aux alliés de l'Otan en cas de retrait des Casques bleus de Bosnie, a relancé en Allemagne le lourd débat sur le rôle futur de la Bundeswehr dans le monde. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, Bonn s'est dit prêt cette semaine à fournir à l'Otan huit chasseurs-bombardiers Tornado et une dizaine d'avions de transport Transall en cas de retrait des forces de l'ONU de l'ex-Yougoslavie. «Les excursions des Casques bleus allemands au Cambodge et en Somalie, à l'aide des populations kurdes en Irak, ne sont en comparaison que d'innocentes manoeuvres», souligne l'hebdomadaire Der Spiegel. L'intervention personnelle du chancelier lundi matin dans les colonnes de Bild, le plus gros tirage de la presse allemande, donne la mesure de la gravité du dilemme auquel est, une fois de plus, confronté le gouvernement de Bonn. Helmut Kohl a rappelé à ses concitoyens peu enthousiastes qu'«avec l'unité allemande nous avons recouvré notre souveraineté, maintenant nous devons aussi assumer nos responsabilités». «Nous ne pouvons pas, martelle le chancelier depuis des semaines déjà, laisser tomber nos amis!»
Un mot d'ordre qui n'est pourtant pas évident dans un pays chaperonné depuis la guerre par les quatre puissances alliées et tenu à l'écart des grands conflits internationaux. Certes, au mois de juillet dernier, la cour constitutionnelle de Karlsruhe autorisait, dans un jugement historique, la participation de la Bundes