Rien ne va plus entre la presse et le pouvoir russe. Alors que le
président Boris Eltsine a fait intervenir l'armée en Tchétchénie, les journaux, dans leur grande majorité, appellent à un règlement pacifique du conflit, mettant en garde le pays contre une «deuxième guerre du Caucase».
Une critique que supporte mal le gouvernement russe qui, selon les sondages, n'arrive pas à convaincre une opinion publique majoritairement hostile à l'aventure militaire. Le Kremlin a donc lancé l'offensive sur deux fronts. Les agences officielles, et particulièrement Itar-Tass, multiplient les communiqués de complaisance du Centre d'information provisoire, un organisme de contrôle des médias mis en place pour piloter la presse pendant l'opération tchétchène.
C'est ainsi que les lecteurs russes ont appris que «de violentes tempêtes de neige bloquaient la progression de deux colonnes». Mais la météo en fin de journal télévisé montrait un ciel serein en Tchétchénie. Quant aux chaînes dont les reporters rendaient compte du désarroi des soldats russes, peu enclins à livrer bataille à des populations civiles, elles se sont fait sévèrement rappeler à l'ordre par le premier vice-Premier ministre, Oleg Soskovets, président de la commission gouvernementale en charge du dossier tchétchène.
Ainsi, vendredi dernier, la chaîne privée NTV s'est vue menacée d'un retrait de sa licence de diffusion si elle persistait dans son interprétation des événements tchétchènes. L'Etat a «le droit de suspendre le droit à la