Noël de trêve à Sarajevo
Des rues envahies de passants, la queue chez le barbier, l'alcool et la musique au «BB», la messe à la cathédrale... Pour la Nativité, la capitale bosniaque a connu sa première nuit sans couvre-feu depuis longtemps.
Sarajevo, envoyé spécial - SOUS UN CIEL SANS LUNE, dans des rues sans réverbères, une foultitude de silhouettes grises se sont croisées toute la nuit de Noël. Elles déambulèrent, attendirent, se reconnurent avec profusion d'exclamations, jusqu'à l'aube ouatée par la neige et le brouillard. Plus que le réveillon, autant que le cessez-le-feu, les Sarajeviens ont célébré la première nuit sans couvre-feu.
Depuis le matin, la capitale respirait une atmosphère plus excitée que d'ordinaire. Dans les bistrots et cafétérias, enfumés mais glacés, les clients agrémentaient leur café de tablettes de chocolat craquelées sur les tables. Une fois n'est pas coutume, les magasins des rues piétonnières étaient envahis de passants qui, en famille ou en couple, s'ils n'achetaient rien de plus que d'ordinaire, jouaient au moins à ceux qui font des emplettes.
Le verdict de l'usurier. Dans la Bascarsija, entre les trois minarets enneigés de la vieille ville ottomane, bijouteries et bazars de souvenirs plutôt kitsch attendaient leurs clients avec une aménité décuplée par la célébration de la Nativité. Chez les barbiers, les hommes faisaient la queue, fumant des américaines ou commentant le journal. Chez les coiffeurs, les femmes patientaient pour profiter de l'eau