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Libération
Reportage

Quand la presse africaine prend des libertés

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publié le 30 décembre 1994 à 23h39

reportage

MARIE-LAURE COLSON

Quand la presse africaine prend des libertés La démocratisation des années 90 a permis la création de quelque 800 à 1.000 journaux en Afrique francophone. Une presse qui parle autant de politique que de vie quotidienne, mais sur qui pèse toujours la précarité d'une liberté fraîchement acquise.

- C'EST EN DÉCRIVANT la vie misérable des membres de l'Association des délayeurs nocturnes, ces étudiants fauchés qui se nourrissent de farine de manioc délayée dans l'eau froide, qu'Edouard Loko a gagné son premier stage de journalisme. Il s'était déjà fait remarquer à l'université par son «hebdo mural», un dazibao à la béninoise. A 27 ans, il est aujourd'hui l'adjoint du redacteur en chef du seul quotidien indépendant au Benin, le Matin, et a déjà quelques scoops à son actif. Edouard Loko est le prototype de cette nouvelle génération de journalistes qui participe au meilleur de la vague qui porte la presse écrite africaine depuis le début des années 90.

Insolences. L'ouverture démocratique amorcée par la plupart des Etats d'Afrique francophone s'est traduite par l'explosion du nombre des titres (quotidiens, hebdos, mensuels ou à parution plus erratique), un essor comparable à celui qu'a connu la France à la Libération. En France, le ministère de la Coopération, qui suit le mouvement avec attention, estime qu'il y en aurait de 800 à 1.000. Certains ne vivent qu'un numéro. D'autres ne sont clairement que l'organe officiel d'un parti en course pour le pouvoir.