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Libération
Reportage

Ceuta, confetti déchiré entre deux continents

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publié le 2 janvier 1995 à 0h40

reportage

Jean-hébert armengaud

Ceuta, confetti déchiré entre deux continents Le projet de loi sur le statut autonome de Ceuta, discuté actuellement par les députés espagnols, inquiète les habitants de cette enclave ibérique en terre marocaine. Convoitée par le Maroc, elle aimerait ne plus être l'éternelle oubliée de Madrid.

Ceuta, envoyé spécial - JOSÉ ANTONIO QUEROL tonne. Il exhibe une carte géographique de l'Espagne que vient de publier une célèbre maison d'édition barcelonaise. «Au lieu de Ceuta, ils ont écrit Sebta, le nom arabe de la ville. Nous avons porté plainte, nous les ferons condamner.» Derrière sa barbe blanche, José Antonio Querol, descendant de maintes générations de Ceutis, s'énerve avec cet accent andalou qui aime bouffer les consonnes. «Nous n'avons rien à démontrer, nous n'avons pas à lutter, nous sommes Espagnols, un point c'est tout.» A l'extrême frontière sud-ouest de l'Union européenne, Ceuta, ville-enclave en Afrique, confetti d'hispanité dans le Maghreb, veut affirmer son identité. Elle s'estime trahie, oubliée par la péninsule, alors qu'elle doit se défendre du Maroc qui réclame la souveraineté sur la ville.

Un statut hybride. C'est le projet de loi sur le statut autonome de Ceuta, actuellement en discussion aux Cortès, le parlement espagnol, qui a mis le feu aux poudres. La ville veut devenir une communauté autonome, comme les 17 autres qui forment l'Espagne et, comme le prévoit textuellement la Constitution de 1978. Madrid a refusé et prépare un