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Libération
Reportage

L'espoir des «sans-terre» du Sud

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publié le 2 janvier 1995 à 0h39

REPORTAGE

JEAN-JACQUES SEVILLA

L'espoir des «sans-terre» du Sud Dans le Sud brésilien, 140.000 familles attendent du président qu'il distribue les terres. L'exemple de la coopérative d'Anoni, installée sur les 5500 hectares d'un ancien «latifundio», encourage leurs espérances.

Rio Grande do Sul, envoyé spécial - A L'ORÉE D'UN BOSQUET D'EUCALYPTUS, la fazenda Anoni, vaste espace bucolique autrefois réservé au piétinement de 300 bovins errants, déroule ses 5.500 hectares de champs de soja et de maïs. Malgré la canicule, cette région de l'Etat du Rio Grande do Sul, tout en mamelons bien peignés, évoque davantage la douceur angevine que l'exotisme tropical. A moins de 10 km de Sarandi, un bourg de 15.000 âmes, c'est le berceau de la lutte pour la réforme agraire. Il relève le défi de la gestion collective, au coeur d'un grenier du Brésil (1) régi par les lois de la productivité.

La coopérative agricole a hérité d'un latifundio (grande propriété sous-exploitée) exproprié en 1986. 414 familles d'assentados y ont été «installées» par l'Incra, l'Institut national de colonisation et de réforme agraire. Elles s'efforcent de consolider cette vitrine du Mouvement des sans-terre (MST), l'émanation la plus turbulente d'un «apartheid social» que le nouveau président social-démocrate, Fernando Henrique Cardoso, s'est engagé à «démanteler par étapes».

Le portrait du Che Guevara trône en bonne place sur le bureau de Nelson Grassielli. Mains lisses et discours poli par quinze années de militantism