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Libération
Reportage

Grozny sous le feu du troisième assaut russe

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publié le 9 janvier 1995 à 0h28

Grozny sous le feu du troisième assaut russe

Tandis que le pilonnage de la capitale tchétchène se poursuit à une cadence allant jusqu'à 20 obus à la minute, les unités de l'armée de Moscou tentent de gagner du terrain. Des renforts russes, notamment des parachutistes, seraient arrivés. La ville, que les civils n'ont pas désertée, n'est plus reliée que par un seul passage routier.

Grozny, envoyé spécial - «MES ENFANTS, ne vous privez pas pour moi!» Surgissant des décombres où elle se terre depuis dix jours, la petite grand-mère au visage enfoui dans une écharpe exhorte en russe les combattants tchétchènes qui bivouaquent sur l'avenue Lénine, la principale artère de Grozny, à garder pour eux le pain et le mouton bouilli qui vient de leur parvenir de l'arrière. Elle est vieille, elle est russe, elle se moque de mourir dans ce conflit pour elle doublement absurde qui fait trembler les façades défigurées à chaque impact de bombe. De l'autre côté de la rue, une conduite de gaz, atteinte par un obus, flambe à coeur joie. Une fumée rosâtre flotte dans la cuvette où exista, un jour, le centre d'une capitale animée. Un mois après le début de l'agression militaire russe contre la Tchétchénie, Grozny n'est plus qu'un cadavre de ville, mais un cadavre qui bouge encore. «Tout ce que les esprits pervers ont pu inventer en matière d'armement, l'armée russe l'utilise aujourd'hui contre Grozny et les alentours», affirme Arik, un grand gaillard à la barbe rousse et au profil de bas-relief coiff