Menu
Libération

Projet de prison particulière pour les militaires

Article réservé aux abonnés
publié le 10 janvier 1995 à 0h26

Projet de prison particulière pour les militaires chiliens

Santiago, de notre correspondant En retirant, dans la soirée du 6 janvier, la démission qu'il avait remise le matin même au président Eduardo Frei, le ministre des Travaux publics, le socialiste Ricardo Lagos, a évité une crise gouvernementale majeure, mais il a rappelé à ses amis et aux autres qu'il reste la figure de proue de la gauche chilienne.

Cet homme de caractère, qui s'est rendu célèbre pendant la campagne du non à Pinochet en 1988, a lancé un pavé dans la mare après que l'exécutif eut annoncé un décret visant à construire une prison spéciale réservée aux militaires. Décret à propos duquel il affirma ne pas avoir été consulté, quand bien même sa signature était indispensable à son application. Mais, au-delà de la querelle procédurière, c'est une opposition sur le fond qu'a voulu exprimer Lagos, imité par certains de ses proches, tel l'ancien ministre de l'Economie, aujourd'hui sénateur, Carlos Ominami.

Pourquoi construire un établissement pénitentiaire spécial alors que les militaires purgeant des peines de prison pour violations des droits de l'homme, et le plus souvent à l'abri d'une caserne, se comptent sur les doigts des deux mains? Parce qu'il pourrait bien devoir prochainement accueillir deux «hôtes» illustres: le général retraité Manuel Contreras, ancien patron de la Dina, la police politique des premières années de la dictature, responsable de la disparition de centaines d'opposants, ainsi que son bras