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Libération
Reportage

A Abidjan, les enfants de la drogue

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publié le 11 janvier 1995 à 0h22

A Abidjan, les enfants de la drogue

Plaque tournante du trafic vers l'Europe, la capitale de la Côte-d'Ivoire est aujourd'hui le lieu de toutes les toxicomanies. La dose d'héroïne s'y vend 10 francs,celle de marijuana 75 centimes, et les consommateurs ont parfois moins de 10 ans.

Abidjan, envoyée spéciale - APPAREMMENT, IL S'AGIT D'UNE BOUTEILLE d'arôme Maggi, le condiment que l'on trouve sur toutes les tables ivoiriennes. Dans son bureau d'Abidjan, Vacaba Toure de Movaly verse quelques gouttes de la bouteille opaque dans un cendrier et approche un briquet. Le liquide s'enflamme. Celui que les enfants de la rue appellent affectueusement «papa» a acheté la bouteille pour quelques francs à une vendeuse installée à quelques mètres du «palais». C'est chez elle que les enfants se fournissent en solvant, qu'ils inhalent pour oublier la faim, la rue, les coups, la prostitution. Des adultes, comme ce membre du bureau politique du PDCI (le parti au pouvoir en Côte-d'Ivoire) les nourrissent, leur offrent parfois un après-midi de distraction. Les enfants des rues émeuvent. Ils gênent aussi.

Les clients des maquis, les guinguettes qui se sont installées sur le terrain vague attenant au palais, n'aiment pas les voir traîner autour d'eux pendant qu'ils déjeunent. Les gardes d'une société de sécurité sont là pour les éloigner. Ce n'est qu'à la nuit que le palais redevient le domaine exclusif des enfants. En fait de palais, il s'agit de la carcasse de béton d'un hôpital qui ne sera jamais co