«JE CROIS QUE L'IMMENSE MAJORITÉ des citoyens fait confiance au
gouvernement»: tout à sa défense, Felipe Gonzalez a eu ce mot osé, lundi, lors de son intervention télévisée destinée à calmer la tempête politique actuelle. «L'immense majorité» semble plus que jamais introuvable. Selon un sondage publié par le quotidien El Pais, 52% des Espagnols pensent que le leader socialiste a menti en affirmant que son gouvernement n'avait jamais eu aucun rapport avec le GAL, ces escadrons de la mort qui, entre 1983 et 1987, ont assassiné vingt-quatre membres de la mouvance indépendantiste basque. 16% seulement des personnes sondées ont trouvé le chef du gouvernement convaincant.
Une tendance que l'on retrouve dans les sondages électoraux, qui prévoient une victoire fracassante du Parti populaire (PP) aux élections municipales et régionales du 28 mai prochain. L'opposition de droite obtiendrait d'ailleurs une majorité absolue de députés en cas de législatives anticipées, hypothèse pour l'instant rejetée par le chef du gouvernement. L'histoire se répète. Au printemps dernier, Felipe Gonzalez avait vécu une semaine noire, avec la démission de deux ministres, la fuite de l'ancien chef de la garde civile, et des accusations de malversation contre l'ex-patron de la Banque d'Espagne. Les «scandales» faisaient trembler le pays, les sondages n'étaient guère meilleurs qu'aujourd'hui et Felipe Gonzalez avait tenu bon, confiant en ses alliés parlementaires, les nationalistes catalans de centre-droit