Pékin, de notre correspondante
Le plus important procès pour corruption jamais tenu en Chine vient de s'ouvrir à Shenzhen, a révélé hier la presse locale.
Une fonctionnaire du bureau de planification et le directeur d'une usine chimique de cette «zone économique spéciale» ont été inculpés de «crimes économiques» portant sur des montants supérieurs à 5,5 millions de francs. Les deux hommes sont également accusés de bigamie. Ils risquent la peine de mort.
Réapparue massivement depuis l'ouverture économique en 1978, la corruption est devenue une maladie endémique en Chine, qui gangrène désormais tous les échelons de la société. Les autorités ont lancé depuis août 1993 une campagne anti-corruption à l'échelle nationale. Plusieurs cas retentissants ont été montés en épingle par la propagande, comme l'exécution en avril dernier de Shen Taifu, ancien dirigeant du groupe industriel Grande Muraille, qui avait détourné plus de 3 millions de yuans (1) auprès de 100.000 personnes, en levant illégalement des fonds. L'ancien vice-ministre des Sciences et Technologies, Li Xiaoshi, a lui été condamné à vingt ans de réclusion pour avoir touché des pots-de-vin. En 1993, plus de 30.000 cas de corruption «sérieux» (portant sur plus de 10.000 yuans) ont été répertoriés. Au cours des six premiers mois de 1994, 24.000 nouveaux cas ont été décelés. La presse chinoise a révélé, en mai dernier, que dans la seule province de l'Anhui (l'une des plus pauvres de Chine) 300.000 cadres et fonctionnaires, so