ANALYSE
BERNARD COHEN
Forts de leur histoire, les Tchétchènes menacent de se replier vers les montagnes. Comme au siècle dernier où leurs ancêtres tinrent tête à l'armée du tsar, dont la stratégie inspire aujourd'hui Moscou.
Tchétchénie, «plus long qu'en Afghanistan» Chali, envoyé spécial - UNE CAPITALE EN RUINES, un pays virtuellement coupé en deux, dont plus d'un tiers de ses habitants sont devenus des réfugiés, et une volonté indépendantiste qui demeure inébranlable: après un mois et quatre jours de conflit, la Tchétchénie renvoie à la Russie une image peu encourageante. Ayant mis en oeuvre des moyens gigantesques, aligné au moins 40.000 soldats puissamment armés face à une résistance en grande partie spontanée, l'armée russe peut à peine se targuer aujourd'hui d'occuper des «positions clés» dans Grozny à peu près déserté (avec notamment la prise du siège du Conseil des ministres, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel), de contrôler plus ou moins la partie nord du pays, et d'avoir, à l'ouest, contraint les Ingouches ensemble d'éthnies qui parlent des variantes du tchétchène et que les Tchétchènes considèrent comme un peuple frère à assister impuissants à ce déluge de feu et de bombes. «Les dirigeants russes veulent croire qu'en détruisant Grozny ils vont mettre fin à l'indépendance de la Tchétchénie», commentait dimanche à Chali (20 km au sud de Grozny) un chef de la résistance armée, «mais le résultat est exactement l'inverse. Dans notre histoire, nous