La Russie à long terme
- L'administration américaine pourra se faire aujourd'hui une première idée sur la manière de résoudre son grand dilemme russe: comment continuer de soutenir Eltsine tout en désavouant ses actes? La rencontre aujourd'hui à Genève entre le secrétaire d'Etat Warren Christopher et Andreï Kozyrev, ministre russe des Affaires étrangères, pourrait accoucher d'une date possible de «sommet» entre les deux présidents, sans doute à Moscou en mai. Mais il est douteux que Clinton ait le loisir d'attendre jusque-là pour décider enfin des ajustements à apporter à sa politique russe, mise à mal par la guerre de Tchétchénie.
Celle-ci remet en effet en question, de facto, le choix fermement pro-Eltsine fait par Clinton dès les débuts de sa présidence, qui l'a dispensé jusqu'à présent d'élaborer une politique vis-à-vis de la Russie qui ne soit pas trop liée aux destinées d'un seul homme. Depuis deux ans, l'administration américaine fait valoir non sans raisons qu'elle n'avait de fait pas le choix. Le soutien apporté au premier Président élu de Russie (y compris à l'occasion de la crise la plus grave, le bombardement du Parlement) passait jusque-là pour la seule «réussite» de Clinton en politique étrangère. C'est en tout cas le seul domaine où la réflexion avait précédé l'action, où les intérêts américains avaient été clairement identifiés, et où l'exécution de la politique n'avait subi aucun revirement et aucun cafouillage. Les circonstances ont changé, puisque Washingto