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Libération

En Italie, l'Alliance nationale tourne la page du fascisme

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publié le 28 janvier 1995 à 23h53

Rome,

de notre correspondant Réunis depuis mercredi pour créer un nouveau parti, l'Alliance nationale, les 1.800 délégués du Mouvement social italien (MSI) sont restés divisés sur la reconnaissance de l'antifascisme comme valeur essentielle du retour à la démocratie après 1945. Gianfranco Fini, leader du parti, a exhorté les néofascistes à ne pas rater le train de l'histoire. Cela a été plus fort que lui. Tout en acceptant le tournant souhaité par le secrétaire du MSI, le centenaire Cesco Giulio Baghino, l'un des fondateurs du parti, a exécuté le salut romain-fasciste. Une dizaine de congressistes seulement ont répondu. Le leader du parti Gianfranco Fini est tellement pressé de changer de ligne qu'il a refusé le moindre compromis avec ses opposants, Pino Rauti et Teodoro Buontempo, au sujet de la charte fondatrice du nouveau parti, Alliance nationale, qui va voir le jour ce week-end. Dans son deuxième chapitre, la charte considère l'antifascisme comme l'une des valeurs fondatrices de la démocratie italienne. Les opposants internes ont demandé la modification de ce point. En vain. Fini s'est montré irréductible et les thèses «Principes et valeurs» du nouveau parti ont été approuvées avec seulement six voix «contre». La page de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre civile entre Italiens semble ainsi définitivement tournée.

La majorité des délégués, réunis à Fiuggi est restée perplexe. Pour autant, personne n'ose contester une stratégie qui jusqu'ici s'est révélée très payant