Genève,
de notre correspondant, «Plus de droits de l'homme, moins de politique!» L'injonction qu'Amnesty International vient d'adresser aux 53 gouvernements réunis pour six semaines à l'occasion de la 51e Commission des droits de l'homme des Nations unies, qui s'est ouverte ce lundi, est sans doute condamnée à rester un voeu pieux.
Dix millions de dollars continueront à être dépensés en traductions et publication de documents, alors qu'à peine 1% du budget de l'ONU est consacré au Centre des droits de l'homme. Pourtant, celui-ci est la seule instance dont la fonction est d'effectuer un travail pratique: enquêter via ses rapporteurs spéciaux sur la torture, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions, la situation des femmes, l'intolérance religieuse... émettre des recommandations, dénoncer des gouvernements...
En fait, de savants jeux diplomatiques permettent de contourner les sujets brûlants et dérangeants. Ainsi, par une subtile politique du bâton et de la carotte, la Chine est toujours parvenue jusqu'à ce jour à éviter des résolutions condamnant son occupation du Tibet. Et, pour ménager le gouvernement Eltsine, les Occidentaux ont, semble-t-il, décidé de ne pas rédiger une résolution condamnant l'intervention russe en Tchétchénie, préférant la formule infiniment moins embarrassante pour Moscou d'une déclaration lue par le président de la commision, le Malais Musa Bin-Hitam. «Nous ne voulions pas que les Russes montent au rideau», explique sereinement un diplomate occid