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Libération

Une exposition controversée sur Hiroshima annulée à Washington

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publié le 1er février 1995 à 1h34

Washington,

de notre correspondant Espérant mettre fin à un violent débat politico-historique, le Smithsonian Institute ­ l'organisme qui supervise l'ensemble des grands musées de Washington ­ a finalement décidé lundi soir de supprimer la grande exposition qui devait être consacrée, en mai prochain, au cinquantième anniversaire du largage de la première bombe atomique sur Hiroshima.

A la place de la grande rétrospective prévue, le musée de l'Air et de l'Espace n'abritera qu'une partie de la carlingue du bombardier Enola Gay, d'où fut lancée la bombe, et une petite plaque rappelant l'événement. Vivement attaqués ces dernières semaines par les associations d'anciens combattants et par la majorité républicaine du Congrès, les responsables du Smithsonian ont donc préféré renoncer purement et simplement, après plusieurs mois passés à essayer de concilier les parties en présence sur fond de grand débat sur le sens de l'histoire, la responsabilité de l'Amérique, sous un tir croisé d'arguments entre la droite et la gauche intellectuelle et politique.

Le Smithsonian avait pourtant cru avoir trouvé une forme d'équilibre après la fureur causée, l'an dernier, par la publication du projet initial d'exposition. A l'époque, la plupart des commentateurs avaient dénoncé ou raillé ce triomphe du «politiquement correct», où la décision du président Harry Truman d'utiliser la bombe atomique était dénoncée pour des raisons morales, où le Japon était présenté comme un peuple victime cherchant avant