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Libération
Reportage

Cuba, la révolution s'effrite au contact du dollar

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publié le 2 février 1995 à 1h32

Si le dogmatisme n'a pas disparu, les observateurs constatent une

baisse de pression dans le climat social et une certaine liberté de ton. Médias et création artistique bousculent aujourd'hui les tabous d'hier.

La Havane, de notre correspondant - «POUR COMPRENDRE Cuba aujourd'hui il faut regarder quelques mois en arrière. Tout était interdit, et il n'y avait quasiment rien à consommer. Normal que les gens soufflent un peu en ce moment: ils peuvent manipuler des dollars, faire librement du petit négoce et acheter du porc dans les marchés libres.» Celui qui parle n'est ni un dissident apaisé par une hypothétique évolution «libérale» du régime cubain, ni un cadre du parti chargé de diffuser la bonne parole de «l'ouverture» pour rassurer les investisseurs étrangers. L'homme est un modeste épicier de La Havane qui redécouvre son pays après cinq mois de captivité. Un des 400 balseros qui ont quitté de leur plein gré la base de Guantanamo (enclave américaine sur le territoire cubain où 20.000 réfugiés attendent toujours un règlement de leur sort) pour rentrer chez eux.

Il s'était embarqué l'été dernier sur un radeau pour «rejoindre sa famille à Miami et parce qu'il n'en pouvait plus de ne rien attendre du futur». S'il ne veut pas que son nom soit mentionné, ce n'est «pas à cause de la police d'ici», mais parce qu'il a déposé une demande officielle de visa pour les Etats-Unis et qu'il redoute «que la section des intérêts américains de La Havane n'interprète ses paroles comme un sout