Belgrade l'insouciante veut oublier la guerre
Commerces florissants, cafés et théâtres pleins tous les soirs: en apparence, la capitale de la Serbie ne semble pas trop faire les frais de l'embargo et de la guerre qui durent.
Mais, la frivolité affichée au quotidien par la population de Belgrade, qui n'a jamais lu autant de romans d'amour, semble surtout être le moyen d'occulter un drame proche.
Belgrade, envoyé spécial - LES HURLEMENTS DES SIRÈNES intempestives dans les rues du centre-ville est la première surprise d'un étranger dans la capitale serbe. Ni réglées, ni réglementées, ces alarmes automatiques désignent le plus souvent les derniers modèles de voitures, de marques allemande ou japonaise, que l'on ne connaissait pas aussi pléthoriques, ici, deux ans plus tôt. Mirko, qui tient un comptoir de bidons d'essence en bas du parc, explique: «D'un côté, les Yougo et les Golf se traînent avec des carburateurs hors d'usage; d'un autre côté débarquent les coupés et les six cylindres Turbo des nouveaux riches. Bientôt, il faudra séparer les voies pour la circulation.»
Mirko, lui, vend à tout le monde l'essence qu'il achète derrière la gare à un colonel bosniaque à la retraite, qui l'importe de Hongrie. Mirko était plâtrier avant-guerre; chômeur pendant la guerre, il dit: «Parce que je n'avais pas de diplôme, je ne pouvais pas tenter ma chance à l'étranger. Alors, comme tous les Belgradois, je me suis reconverti dans le business.» Hormis le désagrément des alarmes, Mirko ne se plai