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Libération

Tropisme eltsinien

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publié le 7 février 1995 à 1h23

coulisses / washington

Tropisme eltsinien - Clinton se trouve aujourd'hui face à la Russie dans une situation étrangement similaire à celle où Bush s'était laissé enfermer face à l'URSS, pendant l'hiver 1990-1991. Aujourd'hui comme hier, un président américain a articulé toute sa politique russe autour d'un homme (Gorbatchev pour Bush, Eltsine pour Clinton). Aujourd'hui comme hier, le même argument, selon lequel il n'existerait «pas d'alternative» à l'homme présenté comme providentiel, servent à expliquer, à Washington, la personnalisation de la diplomatie américaine dans cette partie du monde. Aujourd'hui comme hier, les signes se multiplient d'un durcissement pour le pire de la politique de Moscou, que Washington choisit d'ignorer ou de minimiser, pour ne pas embarrasser l'interlocuteur privilégié. Aujourd'hui comme hier, un président russe ou soviétique se coupe des réformateurs, s'entoure d'un cercle de partisans «durs», mène une politique incohérente et erratique, alors que les événements, de plus en plus, lui échappent.

Deux éléments rendent néanmoins la tâche plus difficile pour Clinton aujourd'hui ­ certains y ajouteraient l'évident alcoolisme de l'actuel président russe. En premier lieu, il existait au moins à l'époque de Bush une alternative à Gorbatchev, Eltsine lui-même, qui avait déjà été élu président de la Fédération de Russie, et que le président américain avait consciencieusement choisi de snober. Rien de tel aujourd'hui, et, lorsque les dirigeants américai