Menu
Libération
Reportage

Offensive contre les junkies à Zurich

Article réservé aux abonnés
publié le 11 février 1995 à 1h15

La municipalité zurichoise veut en finir avec le Letten, la scène

ouverte de la drogue qui accueillait jusqu'à 4.000 toxicomanes par jour. Dès lundi, 300 policiers feront la chasse aux dealers. Des centres de distribution médicalisée d'héroïne ou de méthadone sont prévus.

Zurich, envoyé spécial - «POLIZEI! POLIZEI!», crient deux guetteurs. Aussitôt, trois douzaines de dealers se dispersent, en courant. Seul l'un d'entre eux se fait coincer par cinq policiers vêtus de gilets pare-balles. Les bras en l'air, on le fouille. Armé d'un fusil à gaz lacrymogène, un autre policier surveille ce qui reste de la scène de la drogue: quelques dizaines de junkies sont en train de se shooter en bordure d'une voie ferrée désaffectée. Les possessions du dealer s'étalent sur le trottoir: une seringue, une cueillère pour chauffer l'héro, quelques doses de «brown sugar» (l'héroïne), un couteau suisse pour couper la drogue, un porte-clefs... bref, la routine. Les policiers savent pertinemment qu'ils n'ont attrapé qu'un poisson microscopique. L'important n'est pas là: les règles du jeu sont en train de changer et, jusqu'au dernier des junkies, chacun doit le savoir. D'ici quarante-huit heures, lundi prochain, la plus grande scène ouverte de la drogue au monde aura cessé d'exister. En attendant, quatre, cinq, dix fois par jour, les descentes de la police se succèdent au Letten, qui n'abritent plus que 300 à 400 personnes.

Une plaie au coeur de la ville. Zurich veut tourner la page du Letten et de ce