Les silences de Milosevic
Estimant avoir fait le maximum pour contraindre les Serbes de Bosnie à accepter le plan de paix occidental, Belgrade refuse de faire un pas supplémentaire avant la levée des sanctions économiques.
Belgrade, envoyé spécial - DIX JOURS APRÈS la proposition d'Alain Juppé d'organiser à Paris un sommet entre les chefs d'Etat serbe, croate et bosniaque, il est vain de demander un commentaire auprès du cabinet de Slobodan Milosevic. Une nouvelle fois, le président serbe use du silence politique. Non pour exprimer un refus ni du mépris à l'égard du projet français mais pour affirmer une ligne politique dont le cap ne varie plus depuis un an: Belgrade ne fera aucun geste, tant qu'il n'aura pas l'assurance de la levée des sanctions économiques qui pèsent sur la Yougoslavie (Serbie-Monténégro).
Certains proches de Milosevic n'hésitent toutefois pas à rompre ce silence lourd d'ambiguïtés. Dragan Tomic, président du Parlement serbe, ancien directeur de la compagnie pétrolière Jugopetrol, explique: «L'idée de ce sommet n'est pas nouvelle et nous y sommes favorables.» Pourquoi alors ne pas l'encourager publiquement? «Un sommet à ce niveau ne peut être assujetti à aucune condition, répond Dragan Tomic, la Yougoslavie est un Etat souverain qui reconnaît les Etats quand elle le décide.» En clair, la reconnaissance d'un Etat bosniaque, requise en préalable par le président Alija Izetbegovic, n'est pas à l'ordre du jour à Belgrade.
Un leitmotiv dans les discussions. Draga