A leur grand chagrin, les responsables de l'administration Clinton
commencent à penser que le Congrès républicain pourrait bien réaliser l'impensable: appliquer son programme. Jusques et y compris dans le domaine où il était de bon ton d'affirmer que les troupes conservatrices reculeraient , au nom du réalisme, devant leur rhétorique au bord de l'excitation: la politique étrangère. Le projet de loi républicain dit de «revitalisation de la sécurité nationale», qui est sur les bureaux du Congrès, a finalement suscité l'alarme, au point que fait exceptionnel deux membres du cabinet Clinton ont pris la plume pour en dénoncer hier l'économie dans les colonnes du New York Times. Le secrétaire d'Etat, Warren Christopher, et le secrétaire à la Défense, William Perry, indiquent ainsi qu'ils ont recommandé à Clinton d'user de son veto présidentiel pour s'opposer à la loi si elle est finalement votée en l'état par les deux chambres du Congrès.
Entre un projet de loi et la loi elle-même, un long chemin reste à parcourir, et l'article des deux secrétaires s'apparente surtout à une mise en garde préalable. On n'en est pas encore au choc frontal, tout juste aux escarmouches préliminaires autour d'une question clé: qui a l'autorité politique et constitutionnelle pour mener la politique étrangère des Etats-Unis? La Constitution place en principe cette responsabilité aux mains du Président. Mais le conflit devait bien surgir entre un Président aux démarches diplomatiques souvent mal a