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Libération
Portrait

Un pionnier du raï tué à Oran

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RACHID BABA-AHMED. Après des débuts de rocker, ce musicien algérien se lance dans la production et la composition. Faisant décoller le raï, honni des islamistes.
publié le 17 février 1995 à 1h03

RACHID BABA-AHMED, un des plus importants producteurs algériens de musique, surtout de raï, a été assassiné mercredi à Oran, vers 22 heures . Selon des témoins, il a été abattu après la rupture du jeûne du ramadan, au moment où il se rendait à la boutique de disques et de cassettes, qu’il tenait avec ses cousins dans le quartier du pont Saint-Charles à Oran. Un groupe de trois hommes l’attendait. L’un d’entre eux a tiré avec un fusil à canon scié. Grièvement blessé, Rachid Baba-Ahmed a été transporté à l’hôpital, où il est mort peu de temps après.

Après le chanteur Cheb Hasni, assassiné le 29 septembre 1994, Rachid Baba-Ahmed est la deuxième victime issue du milieu du raï, cette vague musicale algérienne née il y a une quinzaine d'années à Oran. Lorsqu'il venait à Paris, Rachid Baba-Ahmed descendait dans un hôtel du boulevard Magenta. C'est là qu'il nous avait fait part de son dernier projet: «Organiser une grande soirée de raï dans une salle parisienne, au cours de laquelle je restituerais à Johnny Hallyday une de ses guitares volées à Oran en 1965, et que j'ai réussi à retrouver.» Enfant de riches bijoutiers de Tlemcen, bastion de la savante musique arabo-andalouse, à 120 km à l'ouest d'Oran, Rachid Baba-Ahmed a très tôt fait partie des multiples musiciens qui ont éclos au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, en 1962, en jouant du rock et en reprenant des tubes de twist. A cette époque, il fonde avec trois camarades de lycée le groupe les Vautours, qui disparaîtra en