JAIME ORTEGA. L'archevêque de La Havane, très critique à l'égard du
régime castriste, considère sa nomination au rang de cardinal, en novembre, comme une victoire de l'Eglise cubaine tout entière.
L'Eglise cubaine consacrée La Havane, de notre correspondant - JAIME ORTEGA est un cardinal heureux. Son visage rayonne devant les quelques centaines de fidèles de la petite église du village paysan de San Antono de Los Banos, à une vingtaine de kilomètres de La Havane. Le cardinal les a réunis ce dimanche pour fêter sa nomination, décidée en novembre par Jean Paul II, au cours d'une messe exceptionnelle célébrée tard dans la soirée. Beaucoup voient pour la première fois cet archevêque quinquagénaire qui porte, avec une aisance très latine, la barrette et la cappa magna. «Il ressemble à Marlon Brando!», commente une vieille dame.
Quelques hommes de la Sécurité de l'Etat, veillent discrètement au grain, à portée de voix des portes du sanctuaire. On ne sait jamais. «La liberté du culte» n'a guère que quatre ans à Cuba. A 58 ans, Jaime Ortega en paraît dix de moins et offre l'image séductrice du prélat énergique et spontané que les honneurs ne raidissent pas. «Je ne considère pas ma nomination comme une consécration personnelle mais comme celle de toute l'Eglise cubaine», insiste-t-il dès le début de son sermon. L'oeil brillant de malice. Comme s'il était conscient de son charisme naturel et soucieux de repousser d'emblée la tentation du culte de la personnalité.
Un grave péché idéologiq