Un gazoduc à hauts risques
pour Total et la junte de Rangoon L'armée birmane a mobilisé et déplacé des populations entières dans l'Etat Mon pour construire une voie ferrée qui devrait permettre d'établir un pipeline. Les guérillas ethniques en lutte contre la junte birmane projettent de saboter ce gazoduc dont Total détient 31% des parts.
Songkhaburi (Thaïlande), envoyé spécial - ENCORE TREMBLANT, l'homme montre son dos couvert de cicatrices. Des coups de baïonnettes. Il y a deux mois, il était dans un camp de travail forcé et construisait une section du chemin de fer qui relie Ye à Tavoy, dans l'Etat Mon, au sud de la Birmanie. «Les soldats birmans sont venus dans mon village, ils exigeaient un volontaire par famille. Ils menaçaient de tuer les femmes et les enfants si nous refusions d'obéir», raconte Thein Kyu, jeune paysan mon. «On devait travailler du lever du jour jusqu'au crépuscule. Ceux qui ne travaillaient pas assez dur étaient systématiquement battus, parfois exécutés. On n'avait rien à manger, même pas d'eau potable.» Finalement, Thein Kyu, sa femme et leurs trois enfants ont fui en Thaïlande, dans le camp de réfugiés de Ta Yaw, à 50 km de Songkhabun. Au total 12.000 Mons ont gagné ces derniers mois la Thaïlande. Tous racontent la même histoire. L'armée birmane a mobilisé dans l'Etat Mon des dizaines de milliers de villageois, entre 30.000 et 100.000 selon diverses estimations et déplacé des populations entières pour construire dans un délai rapide la voie ferrée Y