Le déchirement des intellectuels français
Le drame algérien a entraîné un débat virulent entre «dialoguistes» et «éradicateurs». Mais l'engrenage de la violence, au-delà du désarroi, fait naître un souci de mieux appréhender la réalité du pays.
- «COMMENT ARRIVER à une position tranchée? Je n'ai pas les éléments suffisants pour juger, même si je suis évidemment très sensible à la tragédie algérienne, particulièrement à celle que vivent les femmes.» Au temps de la guerre d'Algérie, Françoise Giroud s'était résolument engagée en faveur de l'indépendance; aujourd'hui, elle est l'une des rares à exprimer, humblement, le désarroi des intellectuels français face à l'Algérie. «Tout le monde est déconcerté par le caractère inédit de cette crise, par le fait que ce pays est entré dans ce que l'on appelle en psychanalyse un effondrement», constate pour sa part Raphaël Draï. Né à Constantine, ce professeur de sciences politiques de l'université d'Amiens estime que, «dans le débat souvent passionnel en France, compréhensible en raison de la proximité de l'Algérie et des interrogations sur l'évolution de la communauté musulmane ici, il faut sortir de la psychologie de la militance, et cesser de plaquer des grilles de lecture autojustificatrices».
«Commandos médiatiques». Cette expectative tranche avec une controverse publique entre intellectuels français qui, par sa virulence et ses positions à l'emporte-pièce, semble parfois une transposition du débat intérieur algérien. Dans un article p