Dans la «guerre du turbot», Madrid brandit les visas contre Ottawa
Madrid, de notre correspondant
L'Espagne pourrait très rapidement rétablir les visas pour les Canadiens, supprimés depuis 1959, comme première mesure de rétorsion dans le conflit sur la pêche qui a éclaté entre les deux pays.
Le ministère des Affaires étrangères espagnol a engagé hier la «procédure nécessaire» à ce rétablissement. La mesure, si elle est finalement appliquée, pourrait affecter les 130.000 Canadiens se rendant chaque année en Espagne, et serait le début d'une escalade de représailles commerciales entre les deux pays. La veille, le ministre Javier Solana n'avait pas écarté la possibilité d'en arriver à une rupture des relations diplomatiques, si l'attitude d'Ottawa ne variait pas.
L'Espagne, fermement soutenue par l'Union européenne qui a suspendu les «relations formelles» avec le Canada, réclame toujours la libération sans condition du chalutier galicien Estai et de son équipage arraisonné dans la nuit de jeudi à vendredi, en dehors des eaux territoriales, alors qu'il pêchait le turbot au large des grands bancs de Terre-Neuve. Cet arraisonnement est qualifié «d'acte de piraterie» à Madrid. Mais Ottawa justifie son intervention en eaux internationales par le fait que les pêcheurs espagnols (et portugais) décimeraient les bancs de turbots.
A Vigo, au sud de la Galice, port d'attache de la flotte de pêche au turbot, les esprits s'échauffent depuis plusieurs jours. Les pêcheurs avaient déjà menacé de