Les sombres lendemains du rêve cubain
Hier «vitrine du socialisme» en matière d'éducation, de santé ou d'égalité des sexes, Cuba souffre aujourd'hui de l'effondrement de son économie. La population de l'île vit à l'heure du rationnement, et les hôpitaux et les écoles manquent cruellement de moyens.
Cuba, de notre correspondant - DANS LES FILES D'ATTENTE des épiceries qui vendent les denrées soumises au livret de rationnement, dans les queues aux arrêts de bus ou à l'hôpital, les ménagères cubaines, intarissables de lamentations, font toujours référence à un «avant» et à un «après». Mais ce ne sont plus «1959 et le triomphe de la révolution» qui servent de repères: elles évoquent désormais «1989 et la fin des subventions soviétiques». Elles ont compris que leur «niveau de vie», privilégié au regard des pays sous-développés, n'était qu'un bluff économique. Et elles ont cessé d'écouter la propagande des dirigeants du parti.
«Rien de ce que la révolution nous a donné ne nous a réellement appartenu. Et que faire de l'égalité des salaires si les salaires ne valent plus rien?», s'interroge amèrement Julia, secrétaire dans un ministère. Les mesures de promotion des droits des femmes (le fameux «code de la famille»), autre fierté du régime, sont bousculées par la réalité de la vie quotidienne. L'heure est désormais à la survie, et la FMC (Fédération des femmes cubaines) ne représente, le plus souvent, qu'une cotisation annuelle supplémentaire à acquitter pour trouver ou préserver son e