Premières critiques en Turquie contre l'intervention en Irak
LA CLASSE POLITIQUE, les médias et l'opinion publique turcs ont commencé hier, cinq jours après le début de l'intervention aéroterrestre de l'armée turque en Irak du Nord, à exprimer des réserves sur le bien-fondé politique et militaire de l'opération. Ces positions se sont exprimées dans la presse au lendemain de la réunion de la troïka de l'Union européenne à Ankara, où la présidence française s'était déclarée «préoccupée du caractère massif et de l'absence de délai de cette intervention» et avait mis en garde contre les violations des droits de l'homme. Les médias ont commencé à reproduire les critiques de spécialistes internationaux dénonçant «l'occupation sauvage» turque et les violations des droits de l'homme des Kurdes d'Irak, voire «le pillage de l'armée turque à Zakho».
De premières réactions d'hostilité à l'intervention sont apparues également dans la classe politique turque. L'ex-ministre des Affaires étrangères, le député social-démocrate M. Mimtaz Soysal, craint que «la Turquie ne s'engouffre dans un bourbier», si l'armée turque s'installe dans la région. La meilleure solution, pense-til, «serait le rétablissement dans la région de la souveraineté de Bagdad par des méthodes pacifiques».Un autre député social-démocrate, M. Muzaffer Demir, a, lui, attiré l'attention de l'opinion publique sur le coût ruineux des opérations (50 trillions de livres turques, environ 6,6 milliards de francs français) et rappelé