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Reportage

Salamanque s'accroche à sa mémoire papier

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publié le 31 mars 1995 à 1h40

Salamanque s'accroche à sa mémoire papier

La cité castillane refuse le transfert en Catalogne d'archives sur la guerre civile et la répression.

Salamanque, envoyé spécial Rarement les tranquilles arcades de la Plaza Mayor de Salamanque avaient connu telle agitation. Sur la façade nord, une immense banderole couvre le fronton de la mairie: «Salamanque défend les Archives historiques nationales.» Dans son bureau, qui domine la banderole, le conseiller municipal à la culture, Pedro Miguelez, est formel: «Nous ne céderons pas, nous nous opposerons par tous les moyens ­ pacifiques ­ au transfert» d'une partie de ces Archives, réclamée aujourd'hui par la Catalogne. Nationalisme catalan contre provincialisme de la vieille Castille, le bras de fer est engagé autour de quarante ans de mémoire historique. Sinistre mémoire, au demeurant, puisque les archives polémiques concernent la guerre civile, puis la sanglante répression qui s'ensuivit des vainqueurs franquistes contre les vaincus républicains. Les deux camps d'aujourd'hui ne sont plus les mêmes, mais on croirait presque les vieilles blessures rouvertes depuis que, à Madrid, le ministère de la Culture a cédé aux exigences catalanes et annoncé que le transfert réclamé se ferait. Depuis, la mairie de Salamanque s'est transformée en camp retranché et a recueilli 40.000 signatures de soutien, sur une population de 180.000 habitants. Hier soir devait avoir lieu une gigantesque manifestation rassemblant, unanimes, les représentants de t