Depuis une semaine, les Sarajéviens dialoguent avec les usagers d'Internet Sarajevo, envoyé spécial Impassible, un jeune homme vêtu d'un imperméable sans âge, les yeux dissimulés derrière des lunettes d'écaille d'un autre âge, s'approcha du bureau des messages où il déposa le sien. C'était une lettre adressée à Brigitte Bardot: «Chère Madame. Je voudrais vous aider dans votre entreprise de protection des animaux. Mais à Sarajevo, qui me sert de cage, cela m'est malheureusement impossible. Je tiens cependant à vous prévenir que les animaux, ici, sont aussi menacés. Je voudrais pour cela vous inviter chez moi, afin que vous constatiez la détresse des chiens, des chats, et de tous les autres...» Sans un mot, il s'en alla, laissant derrière lui l'équipe de l'expédition Internet, Parisiens et Sarajéviens, plus perplexes les uns que les autres. Dépressif, ironique, cynique? L'équivoque de son billet même s'il ne reflète pas à lui seul les centaines de messages qui l'ont précédé depuis une semaine illustre néanmoins l'ambiguïté de l'opération «Sarajevo on line» qui anime la capitale en ces premiers jours du printemps bosniaque.
«Sarajevo on line» est un projet World Media, né d'un axiome simple: dans une ville assiégée pendant trois ans, les gens souffrent inévitablement d'un manque d'échanges avec le monde extérieur. Et d'une initiative simple: à l'occasion de ce troisième anniversaire de la guerre bosniaque, pourquoi ne pas relier ses habitants avec le réseau Internet et ses mi