Harare, envoyée spéciale
Dans une Afrique australe pour la première fois pacifiée et démocratique, le Zimbabwe s'acharne, lui, à marcher en sens inverse de l'Histoire. Après une série d'élections multipartites, depuis un an, en Afrique du Sud, au Mozambique et en Namibie, le régime du président Robert Mugabe s'apprête à consacrer par les urnes son pouvoir absolu. Avant même l'ouverture, ce week-end, du scrutin général, il est déjà assuré de la majorité des sièges au Parlement. Seule inconnue du vote: le «camarade Président» parviendra-t-il par une victoire totale à confirmer la thèse de son mentor chinois: les réformes économiques en cours au Zimbabwe se dispensent du «luxe» de la démocratisation?
Plus malingre que jamais, l'opposition, éclatée en 7 partis, risque fort de perdre les 3 sièges (sur un total de 150) qu'elle avait sauvés lors du précédent scrutin en 1990. Faute d'adversaires dans 55 circonscriptions, les candidats de la Zanu (Union nationale africaine du Zimbabwe, au pouvoir) élus d'office sont venus s'ajouter aux 30 directement nommés par le chef de l'État.
La route est étroite comparée à la large avenue qui s'ouvrait au Zimbabwe à son indépendance, il y a quinze ans. A l'époque, premier pays multiracial à mettre fin à des années de conflit, l'ancienne Rhodésie concentrait sur elle beaucoup d'espoirs. Un autre enjeu suscitait la curiosité: chef de file d'une deuxième génération de pays africains à accéder à l'indépendance, le prospère Zimbabwe parviendrait-il à é