Washington, de notre correspondant
Le simple fait que Newt Gingrich, speaker républicain de la Chambre des représentants, ait pu obtenir vendredi soir une demi-heure de prime time à la télévision américaine pour célébrer la fin des premiers cent jours du Congrès conservateur est un signe certain d'une première victoire: Gingrich, en obtenant ainsi un temps d'antenne quasi présidentiel, a réussi à s'imposer depuis le début de l'année comme le grand façonneur du débat politique national, et donner l'illusion d'un pouvoir et d'une aura qui n'ont d'égaux, dans la tradition américaine, que ceux du Président.
Il avait promis qu'une chambre dominée par les républicains voterait en cent jours sur la totalité des dispositions du «contrat avec l'Amérique» qu'il avait imposé à tous les candidats républicains au Congrès, l'automne dernier. Le pari a été tenu, lançant l'esquisse apparente d'une deuxième «révolution conservatrice» qui se place délibérément dans le sillage de la première, lancée par Ronald Reagan en 1980. Dans ses intentions proclamées et dans son début de pratique législative, la révolution Gingrich semble même par certains côtés plus radicale que la révolution Reagan, puisqu'elle s'est attaquée au coeur même de l'Etat-providence américain tel qu'il s'était érigé depuis le New Deal de Roosevelt: ainsi, la réforme du Welfare le système d'aides sociales aux pauvres et aux mères de famille sans ressources a-t-elle marqué par sa sévérité et les limites financières qu'elle