Pour l'écrivain espagnol Jorge Semprun, auteur de «l'Ecriture ou la
vie», il serait dangereux de commémorer la libération du camp en passant sous silence son emploi ultérieur par les Soviétiques contre les opposants au communisme.
Le 11 avril 1945, le camp de déportation de Buchenwald était libéré par les Américains. Nous avons demandé à Jorge Semprun d'expliquer la spécificité de Buchenwald où il avait été déporté en janvier 1944, à l'âge de 21 ans, comme résistant communiste espagnol. Après un demi-siècle d'une vie intense dirigeant du PC clandestin en Espagne, écrivain, scénariste, puis ministre de la Culture de Felipe Gonzalez, Jorge Semprun a réussi à écrire (l'Ecriture ou la Vie, Gallimard, paru en 1994) et à parler de Buchenwald.
Vous avez parlé du «danger de cette année de commémoration». Quel danger?
Que va-t-on commémorer? On a commencé par commémorer la libération d'Auschwitz par l'armée Rouge en janvier 1945. Très bien, mais pourquoi ne pas rappeler que cette armée venait d'un pays où il y avait, aussi, des camps? Ces commémorations sont toujours un peu hémiplégiques. Si on se décide à faire oeuvre de mémoire, il faudra commémorer le centenaire du goulag.
Buchenwald a été libéré par les Américains, la IIIe armée de Patton, le 11 avril 1945. En juin 1945, les derniers déportés des antifascistes yougoslaves ont quitté le camp et il a été fermé. Buchenwald s'est retrouvé dans la zone soviétique d'occupation et il a été rouvert en septembre 1945, par les Soviétiques.