Tardivement, Robert McNamara
fait son mea-culpa sur le Viêt-nam Pour l'ex-secrétaire à la Défense, la guerre fut une erreur.
Washington, de notre correspondant Robert McNamara a finalement écrit le livre que, dit-il, il s'était «promis de ne pas écrire». L'ancien secrétaire à la Défense des présidents Kennedy et Johnson, l'un des architectes et principaux responsables de la guerre du Viêt-nam, qu'on présentait souvent comme rongé par le souvenir et le remords de ces années, publie cette semaine ses réflexions sur le grand drame américain. Après coup: la tragédie et les leçons du Viêt-nam est son premier commentaire public sur la guerre, après un silence de près de trente ans. Mi-autocritique (plutôt impitoyable), mi-réflexion sur l'héritage politique du Viêt-nam et ses conséquences pour l'Amérique, le livre dresse la liste des «onze erreurs majeures» commises, selon McNamara, par les Etats-Unis mauvaise évaluation de la force du Viêt-nam du Nord, sous-estimation du nationalisme, surestimation de la capacité d'une technologie militaire sophistiquée face à une guérilla populaire, mensonges et dissimulations vis-à-vis du Congrès et de l'opinion, mauvaise organisation générale, entre autres. McNamara estime aujourd'hui que les Etats-Unis auraient dû se retirer du Viêt-nam dès 1963. Il affirme sans apporter de preuve que John Kennedy aurait pris la décision de le faire. Au lieu de quoi, Lyndon Johnson, puis Richard Nixon furent les maîtres d'oeuvre de l'escalade américaine au