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Tardivement, Robert McNamara fait son mea-culpa sur le Viêt-nam

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publié le 11 avril 1995 à 4h15

Tardivement, Robert McNamara

fait son mea-culpa sur le Viêt-nam Pour l'ex-secrétaire à la Défense, la guerre fut une erreur.

Washington, de notre correspondant Robert McNamara a finalement écrit le livre que, dit-il, il s'était «promis de ne pas écrire». L'ancien secrétaire à la Défense des présidents Kennedy et Johnson, l'un des architectes et principaux responsables de la guerre du Viêt-nam, qu'on présentait souvent comme rongé par le souvenir et le remords de ces années, publie cette semaine ses réflexions sur le grand drame américain. Après coup: la tragédie et les leçons du Viêt-nam est son premier commentaire public sur la guerre, après un silence de près de trente ans. Mi-autocritique (plutôt impitoyable), mi-réflexion sur l'héritage politique du Viêt-nam et ses conséquences pour l'Amérique, le livre dresse la liste des «onze erreurs majeures» commises, selon McNamara, par les Etats-Unis ­ mauvaise évaluation de la force du Viêt-nam du Nord, sous-estimation du nationalisme, surestimation de la capacité d'une technologie militaire sophistiquée face à une guérilla populaire, mensonges et dissimulations vis-à-vis du Congrès et de l'opinion, mauvaise organisation générale, entre autres. McNamara estime aujourd'hui que les Etats-Unis auraient dû se retirer du Viêt-nam dès 1963. Il affirme ­ sans apporter de preuve ­ que John Kennedy aurait pris la décision de le faire. Au lieu de quoi, Lyndon Johnson, puis Richard Nixon furent les maîtres d'oeuvre de l'escalade américaine au