Un serviteur de l'apartheid au banc des accusés en Afrique du Sud
Le chef de la lutte antiterroriste doit répondre de crimes contre l'ANC.
Pretoria, envoyée spéciale Eugene De Kock, 46 ans, symbolise la «sale guerre» qu'a menée Vlakplaas, l'unité de la police sud-africaine chargée jusqu'en 1990 de la lutte antiterroriste. Il comparaît devant la Cour suprême de Pretoria, inculpé de 121 chefs d'accusation meurtres, prises d'otages, vol, fraude. Le témoin le plus attendu, parmi les 200 appelés à comparaître, est Dirk Cotzee, «flic» repenti et premier dirigeant de Vlakplaas. Il fut le premier à dévoiler l'élimination systématique d'activistes du Congrès national africain (ANC) opérée à Vlakplaas, la ferme à l'extérieur de Pretoria dont l'unité, créée en 1979, tire son nom.
Lorsqu'il s'est mis à parler, en 1989, les intentions de Cotzee n'étaient guère philanthropiques: l'un de ses subordonnés noirs, condamné à mort pour crime passionnel, avait raconté à son avocat l'histoire de Vlakplaas. «J'étais alors confronté à un choix, raconte Cotzee. Soit le mensonge et la fidélité à mes collègues, soit la loyauté envers l'enseignement afrikaner reçu dans nos familles, à l'école, à l'église. Si vous avez mis le foutoir, il faut nettoyer.» Après ses révélations fracassantes, le gouvernement nomma une commission d'enquête confiée au juge Harms qui, après plusieurs mois d'interrogatoire, aboutit à une impasse.
Aujourd'hui, «protégé» de l'ANC, le policier repenti a toutes les chances de se voi