La population vit de nouveau dans la peur des tirs serbes, qui se
multiplient.
Sarajevo, envoyé spécial Avant l'aube, hier, une volée de roquettes de bazooka résonne dans le lointain d'une butte de la périphérie de Sarajevo. Aussitôt, des cris retentissent à l'étage au-dessous: «Tchetniks, tchetniks.» C'est la voisine qui déjà, la couverture sur l'épaule, les mules aux pieds, descend rejoindre ses colocataires dans la cave. L'immeuble se situe dans une ruelle de la vieille ville, qui a subi des bombardements massifs et dévastateurs en d'autres époques. Toutefois, depuis quatre jours, cette dame dort sur le canapé du salon, moins exposé que sa chambre, la porte entrouverte pour en sortir plus vite, la radio allumée toute la nuit, pour écouter les bulletins d'information dans son sommeil.
Plus tard dans la matinée, Elvedina, une amie, appelle pour annuler l'invitation à dîner pour le soir même. «Ce n'est pas prudent de circuler en ville en ce moment», s'excuse-t-elle. Pourquoi en ce moment? «A cause des prochains bombardements», répond-elle. Traductrice chez les Casques bleus, Elvedina a pris, depuis trois ans, des risques sans comparaison avec ceux d'une sortie nocturne. On peut multiplier à l'infini la description de ces symptômes d'une nouvelle psychose, à Sarajevo, qui ne sont pas, loin s'en faut, particuliers aux femmes.
Dans la soirée de vendredi, deux obus atteignent la vieille ville pendant qu'une foule de jeunes profitent d'un arrêt des chutes de neige pour déambuler entr