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Libération
Enquête

L'inquiétant rapport de Jacques Attali

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publié le 17 avril 1995 à 2h36

L'inquiétant rapport de Jacques Attali

La chute de l'Union soviétique a mis fin à un ordre fondé sur la peur réciproque.

Place de la Concorde, 17 heures. L'homme gare son minibus puis s'éloigne. Dans le véhicule, 500 kilos de TNT. Et 500 grammes de plutonium, dans un container étanche. Une heure plus tard, l'explosion. Des dizaines d'automobilistes sont tués. Mais ce n'est rien, encore. La présence du plutonium n'a nullement transformé la voiture piégée en bombe atomique. Elle en a fait, en revanche, une bombe «radiologique». Avec l'explosion, le plutonium se volatilise dans l'air: contaminant toute la capitale. Le lendemain, la décision est prise, inévitable: le centre de Paris devra être évacué pendant cinquante ans.

Tel est, aujourd'hui, la nouvelle histoire-à-faire-peur. Plus terrible que l'attaque au sarin dans le métro de Tokyo. Mais tout aussi réaliste. «Pour fabriquer une telle arme (...), aucune technologie sophistiquée n'est requise, et les produits nécessaires se trouvent dans tous les programmes nucléaires civils», écrit Jacques Attali. «500 kilos de TNT explosant sur une place publique d'une ville moyenne au contact de 500 grammes de plutonium obligeraient, selon les normes occidentales de décontamination, à l'évacuation de cette ville pendant plusieurs dizaines d'années.»

L'ancien conseiller spécial de François Mitterrand, aujourd'hui à la tête d'une entreprise de conseil aux pays en développement, a travaillé six mois avant de rendre au secrétaire général de l'