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Analyse

Essais atomiques et incertitudes françaises: Militaires et savants réclament la reprise des tirs. Chirac et Balladur les encouragent. Mais la France en a-t-elle les moyens?

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publié le 19 avril 1995 à 2h54

Essais atomiques et incertitudes françaises

Militaires et savants réclament la reprise des tirs. Chirac et Balladur les encouragent. Mais la France en a-t-elle les moyens?

Bien que, sur le papier, les deux affaires ne soient pas dépendantes, il est clair que l'attitude de la France face au TNP est très liée aux essais nucléaires. Alors que les Etats-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne ont - en tout cas pour l'instant - renoncé à procéder à des tirs pluriannuels pour vérifier la validité de leurs armes et en préparer de nouvelles, les Français - qui n'ont adhéré au TNP qu'en 1991! -se trouvent dans une très inconfortable position; elle consiste à discuter de l'interdiction pour la quasi-totalité des pays de la planète de disposer d'armements nucléaires, tout en réclamant pour elle-même le droit non seulement d'en détenir mais encore d'en faire exploser.

Les raisons de ce grand écart sont à chercher avant tout au coeur de l'Etat dans l'Etat que constitue la Direction des applications militaires (DAM) du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Faute d'avoir su, en son temps, se préparer à simuler par l'informatique les essais nucléaires, comme l'ont fait les Etats-Unis dès le début des années 80 avec le programme ATP (Augmented Nuclear Test Program), la DAM se dit contrainte à leur poursuite en grandeur réelle, sous l'atoll de Mururoa. Depuis que François Mitterrand a décidé d'interrompre les essais français le 8 avril 1992, le CEA n'a eu de cesse d'obtenir qu'ils reprennent.