Le grand écart suisse face aux Quinze
La France avait espéré boucler, sous sa présidence européenne, les négociations bilatérales avec la Suisse. Mais à moins d'un miracle, on voit mal comment Berne pourrait faire des concessions majeures aux Quinze, alors que la droite nationaliste helvétique brandit la menace d'un référendum et que les élections générales se profilent à l'automne.
Jakob Kellenberger n'a pas la tâche facile. Ce haut-fonctionnaire helvétique doit conduire avec la Commission européenne les négociations visant à renforcer les liens entre l'UE et la Suisse.
Au menu: non seulement des dossiers aux enjeux économiques majeurs accès aux marchés publics, recherche scientifique, suppression des obstacles techniques au commerce, mais aussi des dossiers à la charge symbolique explosive dans le débat helvétique. Pris en étau, Jakob Kellenberger doit d'un côté négocier avec Bruxelles, de l'autre, avancer sur un champ miné par les passions intra-helvétiques. Une situation qui le contraint au grand écart entre l'impérieuse nécessité économique de s'intégrer à l'Europe et la réticence de plus de la moitié des Suisses.
Le dossier le plus épineux est celui de la libre circulation des personnes. Bruxelles exige l'ouverture des frontières suisses aux ressortissants européens. L'establishment politique et économique suisse n'y est pas fondamentalement hostile, mais aucun représentant gouvernemental n'a eu jusqu'ici l'intrépidité de «vendre» une telle mesure à son opinion publique