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Libération

L'Argentine se réveille après la «fête ménémiste». La crise sociale couve à la veille de la présidentielle

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publié le 21 avril 1995 à 2h50

L'Argentine se réveille après la «fête ménémiste»

La crise sociale couve à la veille de la présidentielle.

Buenos Aires, envoyé spécial Ushuaia, 11 avril: la police déloge sans ménagement une centaine de métallos qui occupent leur usine en faillite pour exiger leurs indemnités de licenciement. Aussitôt la Terre de Feu s'embrase: quarante-huit heures durant, sa capitale régionale sera le théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Jets de pierres contre balles en caoutchouc. Un mort, des dizaines de blessés.

Au même moment, 2.000 kilomètres plus au nord, des milliers de fonctionnaires de la province de Jujuy, privés de salaire depuis trois mois, font le siège du palais du gouverneur. A Cordoba, ce sont les enseignants qui débrayent, précédant une grève décidée par l'ensemble des syndicats de cette métropole industrielle.

A trois semaines de l'élection présidentielle du 14 mai, le spectre de l'explosion sociale hante l'Argentine, avec un chômage qui touche 14% de la population active (et même le quart en comptant le chômage partiel), soit deux fois plus qu'en 1992, lorsque sous la houlette néolibérale du ministre des Finances Domingo Cavallo, le pays de La Plata avait renoué de façon spectaculaire avec la croissance et la stabilité monétaire. Mais le mauvais vent qui souffle sur l'Amérique latine depuis la crise mexicaine de décembre dernier met désormais le «miracle argentin» en pénitence. Ses péchés? Avoir laissé filer le déficit budgétaire et celu