Des milliers de réfugiés hutus fuyaient hier l'horreur du camp de
Kibeho, où l'armée rwandaise a massacré samedi entre 5.000 et 8.000 personnes, selon l'ONU. Poussés vers le nord par l'Armée patriotique rwandaise (APR, dominée par l'ethnie minoritaire tutsie), 20.000 personnes se trouvaient déjà hier à Butare. A Kibeho, le plus important des quatre camps du sud-ouest du pays, où les Hutus avaient trouvé refuge l'été dernier pour échapper aux représailles après l'arrivée au pouvoir du Front patriotique rwandais (FPR), la situation est encore chaotique. Des cadavres déchiquetés par les balles, d'autres piétinés dans le terrible mouvement de panique qui a suivi l'intervention samedi de l'APR, jonchent encore le sol bien que les militaires rwandais aient enterré de nombreux cadavres dans des fosses communes. Une partie des blessés est regroupée dans l'enceinte de la Mission des Nations unies au Rwanda (Minuar) à Kibeho, tandis que d'autres ont pu être évacués par camions par les Nations unies, le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et les organisations humanitaires non gouvernementales. Selon Médecins sans frontières (MSF), les blessures montrent que l'APR a non seulement utilisé des mitrailleuses, mais aussi des lance-roquettes. Un porte-parole à Nairobi du Haut Commissariat des réfugiés des Nations unies (HCR), Ray Wilkinson, parle même de tirs au mortier.
Les blessés, comme ceux qui fuient Kibeho sous des pluies torrentielles, n'ont pour la plupart rien mangé depuis