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Analyse

La nébuleuse des «patriotes» américains

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publié le 25 avril 1995 à 2h44

Les milices privées ou paramilitaires comptent à peine une dizaine

de milliers de personnes et recrutent dans l'Amérique blanche frustrée.

Washington, de notre correspondant Ils sont persuadés que l'Etat a été inventé pour les opprimer. Ils se réunissent régulièrement pour écouter des «leaders» leur parler à la fois du drapeau à honorer et de l'apocalypse à venir, et aiment se retrouver le week-end pour des sessions d'«entraînement» militaire, en treillis et armes au poing. Un de leurs grands patrons, Samuel Sherwood, de l'Idaho, compare l'Amérique à un Titanic. «Nous sommes là pour vous aider à embarquer sur les bateaux de sauvetage», dit-il aux troupes qu'il cherche à recruter dans tout le pays, et qu'il incite à stocker des provisions et à liquider leurs dettes, en prévision du grand affrontement. Ils sont souvent persuadés que les Nations unies vont un jour prendre la direction du pays, pour y installer une sourde dictature multinationale et impalpable ­ils ont lu George Orwell, même s'ils n'ont pas tout compris. Et s'ils forment une nébuleuse éparpillée d'organisations disparates réparties dans seulement quelques Etats d'Amérique ­l'Idaho et le Montana, le Michigan et l'Ohio, le Texas et la Floride­ ils se reconnaissent tous dans l'étiquette qu'on leur a collectivement accolée: le mouvement des «Patriotes». Ils ne sont pas nombreux, à l'échelle de l'Amérique: à peine une dizaine de milliers, selon les observateurs les plus attentifs.

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