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L'ONU prend ses distances avec Kigali

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publié le 26 avril 1995 à 2h35

L'ONU prend ses distances avec Kigali

Tandis que quelque 100.000 réfugiés hutus, chassés des camps du sud-ouest du pays, sont en route dans des conditions aléatoires vers leurs «communes d'origine», 2.000 personnes se trouvaient encore hier dans une école-hôpital du camp de Kibeho. Selon l'ONU, 500 enfants et de nombreuses femmes ont été pris en otages par des extrémistes hutus, qui les utilisent comme «bouclier humain». A Kigali, le FPR tente de justifier les massacres de samedi. «Les miliciens ont provoqué [l'armée]», assure Jacques Bihozagara, ministre de la Reconstruction en charge des déplacés, reprenant l'argument du Président, Pasteur Bizimungu, selon qui le camp était tenu par des miliciens de ,0l'ancien régime, auteurs en 1994 du génocide de plus de 500.000 Tutsis et Hutus de l'opposition. Invoquant, tout comme le Président, la responsabilité de la communauté internationale dans la formation de poches peuplées de réfugiés hostiles au nouveau régime, le ministre estime que «tout cela, c'est le reliquat de l'opération Turquoise» menée par les soldats français de juin à août 1994.

Si les Nations unies étaient en discussion depuis plusieurs mois avec le gouvernement rwandais pour trouver le moyen d'inciter les «déplacés» à rentrer chez eux, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Rwanda, Shaharyar Khan, a voulu hier prendre ses distances avec Kigali. Contrairement à ce qui était prévu, l'évacuation de Kibeho par l'armée rwandaise, qui s'est soldée par le massa