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Analyse

L'an I de la révolution tranquille sud-africaine

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Légaliste et désenchanté, l'ancien pays de l'apartheid fête le «Jour de la Constitution»
publié le 27 avril 1995 à 2h42
(mis à jour le 27 avril 1995 à 2h42)

Johannesburg, envoyés spéciaux

Député du Parti national depuis quarante ans, dernier gouverneur de la province du Natal sous l'ancien régime, Con Botha est «fatigué d'entendre des Blancs à qui personne n'a rien fait conjurer l'avenir en répétant: En tout cas, je vous l'avais bien dit...» Pour lui, «c'est bien la moindre des choses qui pouvaient nous arriver que de n'être plus seuls tout en haut de la pyramide, comme le coq sur le dos de l'âne». Enfin, vieux briscard de la politique sud-africaine, Con Botha résume son bilan de la première année «sous un gouvernement dominé par l'ANC» en une plaisanterie glanée dans les couloirs du Parlement. Un dirigeant de l'ANC confie à un responsable de l'ancien régime: «Si on avait su que c'était aussi difficile, on n'aurait jamais accepté de prendre le pouvoir dans ces conditions.» Réplique: «S'il en avait été autrement, on n'aurait jamais négocié notre reddition.»

Aujourd'hui 27 avril, un an après les premières élections au suffrage universel, l'ancien pays de l'apartheid ne fête pas l'anniversaire de sa libération, mais le «Jour de la Constitution». C'est tout un symbole. Légaliste, respectueux de la transition négociée et de ses engagements pris en faveur de la réconciliation nationale, l'ANC de Nelson Mandela cherche à intégrer dans la «nouvelle Afrique du Sud» toutes les composantes de la population. A commencer par les Blancs, dont les acquis, pourtant fruits de la discrimination, n'ont pas été remis en question: leurs représentants