Un rapport sur les opacités de la coopération française
Même en période électorale, on ne peut pas dire que la politique de coopération française suscite de grands débats. C'est pour combler ce silence qu'une quarantaine de chercheurs, d'universitaires et de responsables d'associations de solidarité, regroupés depuis un an dans un «observatoire permanent de la coopération», publient aujourd'hui leur premier rapport (éd. Desclée de Brouwer). La priorité des auteurs, affirme Philippe Marchesin de l'université Paris-I, est d'éclairer le public sur un système complexe. De L'Élysée au Ministère de la Coopération, plus d'une dizaine de départements sont, au sein du gouvernement, impliqués dans l'aide publique au développement (APD). Un émiettement des pouvoirs qui s'accompagne d'une certaine «opacité», selon les auteurs, quant à la gestion des fonds destinés à l'aide. Sur les quelque 50 milliards de francs qui sont consacrés annuellement à l'APD, le Parlement n'en discute qu'environ 15%, lors de l'adoption du budget de la Coopération. «La part du ministère de l'Économie (plus de 50%) n'est pas ou très peu discutée.» Se pose également, estiment les auteurs, la question de la rationalisation d'un système fortement marqué, en tout cas en ce qui concerne l'Afrique, par un système de relations personnelles entretenues depuis les indépendances. Pour illustrer les dérives de cette immanence, l'observatoire traite en trois chapitres de la façon dont a été prise la décision de dévaluer le